Mon test de Dragon Quest Monsters : Le Prince des ombres

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Dragon Quest Slime
Lundi 11 Décembre 2023 à 23:35

Cette critique a également été publiée sur un autre site qui comprend "slurp" dans son url. Si vous la voyez là-bas, pas d'inquiétude, c'est aussi moi.

Introduction

Ce test a été réalisé après avoir terminé Dragon Quest Monsters : Le prince des ombres jusqu'au générique de fin, avant le contenu post-game. Il n'y aura pas de spoilers d'élément de l'histoire, mais je vais parler de sa structure et du gameplay en général.

J'ai tendance à perdre le fil de ce que j'écris, alors cette critique sera divisée en parties simples.

Modèle économique

Ce jeu a des DLC, portant le prix du package complet à 85 euros. Par principe, j'affirme que c'est trop cher, surtout sur une console où DQXI S était à 40. J'aimerais bien vous dire de le prendre en occasion, mais il y a eu tellement peu de copies physiques qu'elles se vendent déjà à des tarifs approchant DQV DS. Merci, Square Enix. Ceci dit, si vous aimez DQ et les Pokémon-like, je ne dis pas que c'est un mauvais usage de votre argent. D'ailleurs, je recommande l'achat du jeu. Mais ça ne veut pas dire que je vais m'abstenir de critiquer les libertés que Square Enix prend avec notre portefeuille.

Gameplay

C'est fun, c'est engageant, c'est addictif. Le gameplay n'est pas si différent des Monsters: Joker de la décennie passée mais plusieurs trucs ont été simplifiés, ce qui rend l'expérience plus fluide et agréable. Dressage, entraînement, synthèse, recommencer. Les systèmes d'attributs, les héritages obtenus par la synthèse et les nombreux talents permettent une personnalisation très poussée. Je me suis beaucoup pris d'affection pour ma team, et même si la collectionnite est un instinct assez aisé à flatter, le jeu vaudrait le détour rien que pour ça. Pas de bullshit à la Pokémon non plus, avec des évènements limités et des abonnements pour transférer les bestioles d'un jeu à l'autre ; mais à part une collaboration avec McDonalds restée exclusive au Japon (enfin... plus ou moins), il est possible d'attrapez-les-tous en jeu, et c'est bien cool.

Les mondes, vaguement basés sur cinq des sept péchés capitaux (si, si, pensez-y), sont imaginatifs et bien designés ; l'exploration à la recherche de trésors est très sympathique, et il y a des donjons qui, surtout sur la fin, offrent des défis environnementaux vraiment intéressants. D'accord, certains sont presque difficiles, mais toute énigme a une solution, comme dirait Randall Ascott.

Présentation

Aïe.

Avant toute chose, j'aimerais rappeler que la Switch faisait tourner DQXI S sans problème, et que le jeu entier a été recodé pour le système. Je vois beaucoup de gens blâmer la console pour les lags et les textures floues ; je ne pense pas que ça soit un facteur si important.

Oui, le jeu est mal optimisé, et m'a pondu trois jolis petits crashs en 50h, oui, il est pas forcément super joli et n'a pas une super bonne résolution.

Mais quand même, le jeu transpire le charme par ses divers orifices ; loin des déserts mornes de Pokémon Ecarlate et Violet (jeu que, malgré tous mes efforts, je n'ai jamais eu le courage de finir), les couleurs sont vibrantes, le système de saisons et la météo permettent de voir les différentes zones sous un nouveau jour, les concepts derrière les environnements sont imaginatifs, et parfois —parfois — les étoiles s'alignent et je me pose deux minutes et me dis : « Ouah, c'est joli ».

Les modèles des personnages et des monstres sont bien réussis ; chez les humains, un peu trop est pioché directement de DQXI, ce qui fait un peu bizarre mais peut se comprendre. Les animations sont vivantes et pleines de charme, et j'admets de bonnes idées de mise en scène dans les cinématiques.

La musique est un problème ; encore une fois, absolument rien d'original, toujours les mêmes MIDIs qu'on retrouvait à l'époque de la 3DS, et maintenant que le passage d'arme à gauche (c'est bien le seul truc à gauche chez lui) de Sugiyama commence à dater, il y en a encore plus marre. Même les dernières des crottes sorties actuellement ont un OST original, et les grandes franchises ont presque toutes une BO orchestrale de qualité composée à plusieurs mains. Il est temps que Dragon Quest recommence à, et excusez moi de le formuler ainsi, ne pas avoir une musique de merde. Sans déconner, le concept d'entendre et réentendre la même chose à chaque jeu est sérieusement agaçant, les pistes ne sont pas forcément mal choisies (encore que...) et pas mauvaises (encore que...) mais ça distrait de ce qu'il se passe dans le jeu-même parce que ces leitmotivs accidentels n'arrêtent pas de faire penser à d'autres jeux.

Histoire

Il m'est arriver d'appeler des scénarios de Dragon Quest mauvais. Il m'est arrivé de trouver des scénarios désastreux dans des jeux que j'adore, il m'est arrivé de trouver des moments débiles dans des jeux dont j'aime moyen l'histoire de toute façon.

Avec Dragon Quest Monsters 3, on est au-delà de ça.

La meilleure manière dont je pourrais décrire ce jeu (et ce à quoi l'intro même fait allusion), c'est de la fanfiction. Mais attention, pas une bonne fanfic de Dragon Quest IV qui recontextualise les évènements du jeu avec amour et une bonne dose de what if. Pas non plus un cataclysme légendaire à la My Immortal. (Encore que...).

Le début est prometteur, mais la nanardise pointe le bout de son nez rapidement. Ce jeu n'a aucun concept des règles de base de la fiction, et de pourquoi elles sont là, et de pourquoi, quand on veut les ignorer, il faut savoir ce qu'on fait, et de pourquoi, n'en déplaise au monde académique français, le storytelling est un métier qui s'apprend.

Il m'est arrivé de qualifier l'écriture de plusieurs jeux de premier jet, du genre qu'on est censé réviser et pas présenter comme un produit fini. J'irai plus loin avec DQM3, on en est au stade du plan. Une vague chronologie des péripéties et des idées de scènes, nouées ensemble et qui, normalement, devraient être retravaillées en un ensemble cohérent.

Devraient.

Le résultat, c'est des motivations et comportements des personnages qui changent d'une scène à l'autre, une gestion abominable du protagoniste muet et de la question des choix, un irrespect total pour le concept de causes et conséquences, des éléments de IV plaqués là-bas dedans à la va-comme-je-te-pousse, des morts annulées sans explication, une avalanche de péripéties clichées, et une volonté d'être sombre et sérieux par conséquent impossible à... ben, prendre au sérieux.

Le jeu a beaucoup de trucs délirants qui sont faits pour être délirants, et c'est ce contenu original qui fonctionne le mieux, mais quantités d'erreurs de débutant au niveau de son scénario empêchent toute résonance émotionnelle autre que les moments où je me suis retrouvé sur le cul face à la dernière connerie que j'ai reçue en plein visage.

Ce jeu m'a fait beaucoup rire ; parfois à dessein !

Conclusion

Ce jeu est extrêmement fun, peut-être pas tout le temps pour les raisons que les créateurs envisageaient, mais le contenu est généreux, et malgré tous les défauts que j'ai listés, j'ai pris beaucoup de plaisir à y jouer et j'ai hâte de continuer sur le post-game qui, je pense, ne devrait pas trop me faire changer d'avis. Je pourrais écrire une, voire plusieurs disserts sur à quel point l'histoire est mauvaise, mais je sais d'ores et déjà que ce jeu aura une place spéciale dans mon cœur à l'avenir. Il est peut-être un peu cabossé, pas hyper fignolé voire carrément embarrassant, mais pour moi, Dragon Quest Monsters : Le Prince des ombres est, finalement, une chose : adorable.

DQVII en top 3, venez pas me souffler dans les bronches