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Chapitre Deuxième: From Bad to Norse

 

Le monde du conflit des dieux semblait avoir toujours existé. Seule son apparence changeait, en fonction des différents panthéons présents. Jeanne avait commencé à s’intéresser à cet endroit après avoir observé la topographie singulière qui s’était offerte à ses yeux. Zeus avait, lui dit Artémis, observé de nombreux changement de paysage, et avait conté à ses enfants les récits du monde tel que l’avait connu Chronos. D’après ce qu’ils avaient pu comprendre et entendre, le monde était une immense planète entièrement recouverte d’eau glacée. La croûte terrestre était trop rapprochée pour laisser au noyau en fusion l’espace nécessaire pour grandir. Lorsque les premiers dieux arrivèrent, la terre se mit à trembler, et un premier continent se forma, prenant la forme et la taille nécessaire pour que ces dieux puissent vivre. La faune et la flore s’installèrent d’elles-mêmes, suivant un processus d’évolution similaire à celui de la Terre mais bien plus rapide. Jeanne buta sur le mot ‘évolution’ mais fit mine de comprendre. Les astres comme le soleil et la lune n’apparurent qu’à partir de l’arrivée des premiers dieux solaires et lunaires, et d’après Athéna, une des sœurs d’Artémis, ils disparaîtraient s’il se trouvait que ces dieux-ci venaient à périr définitivement. 

L’île d’Avalon était, de son côté, apparût très récemment. Séparée du reste des continents épars, elle était ceinturée d’esquifs et de rocailles qui auraient rendu toutes arrivées par les voix maritimes impossibles. Mais elle était également protégée par une batterie de protections mystiques, de charmes et de runes, constamment maintenues par les divinités locales. S’y rendre ne serait pas une partie de plaisir, assura Artémis, et le voyage serait d’autant plus long et pénible qu’elles en  étaient toutes deux actuellement très loin.

Deux jours de marche après leur affrontement contre Baba-Yaga et Chia, les deux femmes étaient toujours à plusieurs semaines à pied de leur destination. Jeanne, redevenue mortelle, était à nouveau assujettie à la faim et au sommeil, ce qui n’arrangeait pas leurs déplacements. Elle émit la possibilité de se rendre chez d’autres dieux, à même de rompre le sort de la déesse Slave, mais Artémis, ne connaissant pas suffisamment les autres panthéons, ne savait s’ils pourraient réussir.

« Tu sembles bien sûre des capacités de ces dieux Celtes. En as-tu déjà rencontré ?», lui demanda Jeanne.

« Lors de leur arrivée, les chefs de panthéon sont allés à leur rencontre. Zeus, Odin, Râ et d’autres se sont présentés en Avalon avec leurs délégations respectives. J’avais demandé à mon père de m’emmener avec lui ce jour-là, suite à une dispute avec l’un de mes oncles. Sur place, j’ai rencontré quelques-uns d’entre eux. Nuada, Cuchulain, qui était dans le même cas que toi : c’était un mortel qui a été élevé à un rang d'immortel, mais également -et surtout- Dagda. »

Devant l’air interrogateur de la jeune femme blonde, la déesse rousse lui parla de ce dieu-druide, et de ses prouesses magiques. Selon elle, sa science de la magie était à même de rompre et détruire n’importe quel sortilège existant.

« Mais plus encore que pour s’y rendre, le problème serai d’expliquer en quoi il serait judicieux pour les Celtes de rompre cette malédiction…,» finit par avouer Artémis.

Ce panthéon aussi avait été envoyé sur ce monde suite à l’arrivée du christianisme. Jeanne s’en sentait de plus en plus coupable, même si elle savait pertinemment qu’elle n’avait pas personnellement participé à la chute de ces dieux.

Les jours qui suivirent furent assez longs et monotones pour les deux femmes. Le chemin semblait interminable pour aller jusqu’aux côtes. Artémis savait que certains dieux avaient laissés des embarcations arrimées par endroit, et comptait là-dessus pour se rendre chez les dieux Celtes, ainsi que sur l’assistance et la protection de son oncle Poséidon pour lui assurer une approche plus favorable, quand Jeanne lui rappela qu’elle lui avait dit que la voie maritime était impossible. Le temps passa lentement pour les deux femmes, mais au bout de plusieurs jours de marche forcée elles arrivèrent enfin en bord de mer.

Les côtes s’étendaient à perte de vue. Si la surface des terres immergées avait changé au cours des siècles, elles avaient aujourd’hui l’apparence d’un seul continent dont la forme générale évoquait facilement un « c ». Artémis confia à Jeanne que son père, Zeus, n’avait jamais connu ce monde en aussi piteux état et qu’il n’avait jamais été aussi petit.

Cherchant dans les talus, dans les fourrés, dans les buissons et bois alentours, sur quelques kilomètres, la moindre embarcation, les deux femmes furent bien déçues de n’en trouver aucune. Le soleil était à son zénith et même Artémis commençait à montrer des signes d’épuisement.

« Quelle est… la probabilité… pour que», commença Jeanne d’une voix saccadée, «notre entreprise ait été… sabotée ? »

Artémis n’avait pas réellement pensée à cette possibilité. Elle se releva et avança à la lisière de l’ombre sous laquelle elles s’étaient allongées, scrutant l’horizon. Elle répondit à Jeanne qu’en y réfléchissant bien, il été assez probable que ce fût le cas. La guerrière blonde demanda à la chasseresse rousse le chemin à prendre pour continuer.

« A vrai dire, si toutes les barques ont été détruites, nos plans vont devoir changer. Et si rejoindre l’île d’Avalon en bateau nous est impossible, nous allons devoir emprunter un pont particulier.»

« Parce qu’il y a un pont ? Pourquoi risquer de prendre un bateau si un pont permet d’accéder directement à une destination ?», demanda Jeanne dont la voix s’échauffa légèrement.

« C’est un pont réservé à certains dieux. », répondit Artémis. « Si ce n’était pas le cas ç’aurait été notre première destination. Seulement les dieux qui le gardent sont assez peu prêteurs, malgré l’alliance qui nous unit. Et ce n’est pas un simple pont, c’est un pont arc-en-ciel. »

Lorsque le soleil commença à se coucher, les deux jeunes femmes se levèrent. Elles avaient passées du temps à se reposer pour marcher de nuit. Au bord de mer, le soleil était trop violent pour rester à découvert la journée. Artémis expliqua le chemin à suivre à Jeanne, et lui prodigua quelques conseils pour se déplacer furtivement dans les bois qui longeaient la mer. La chasseresse lui souhaita bonne chance, après lui avoir dit qu’elle ne pourrait pas continuer son chemin avec elle plus longtemps : elles approchaient de l’intersection entre les territoires des panthéons Chinois, Slaves et Nordiques, une zone de non-agression où les dieux ne pouvaient se rendre sans autorisation préalable. Jeanne pourrait s’y rendre sans problème, puisqu’elle n’était, en théorie, plus une immortelle.

La guerrière continua donc son chemin toute seule, suivant la direction que lui avait indiquée Artémis. Continuant à éviter de marcher quand le soleil commençait à se lever, sa progression s’avéra plus rapide qu’elle ne le pensa en premier lieu. D’après son ex-compagnon de route, les territoires Slaves et Chinois se trouvaient dos à elle quand elle était près du littoral, ce qui lui facilité grandement la tâche. Jeanne avait été prévenue que le territoire Nordique possédait un microclimat qui permettait à ce panthéon de ne pas mourir de chaud. Ce climat localisé ne touchait cependant qu’une faible zone, d’environ une centaine de kilomètres autour d’une montagne. Jeanne finit par voir cette dernière après deux jours de marche seulement. Hâtant le pas pour y arriver au plus vite, elle fut surprise quand sans prévenir un blizzard la frappa. Une sorte de dôme englobait toute la zone Nordique, la faisant paraître bien loin et ensoleillée, quand en réalité elle se trouvait déjà tout près et était un véritable déluge.

Le vent gelé avait frappé sans prévenir, et Jeanne tremblait comme une feuille. Elle n’avait jamais connu de froid si intense, ni de son vivant ni de sa mort –cela avait même été plutôt le contraire- et se produisit alors quelque chose auquel elle ne s’attendait pas. Contre toute attente, le froid lui parût assez vite supportable. Le feu l’avait tué, devenant une faiblesse, et pour compenser, sa résurrection l’avait rendu plus résistante au froid. La montagne était toujours à plusieurs heures de marches d’elle, et sa visibilité réduite lui ferait perdre du temps à coup sûr. Par chance, le vent soufflait dans son dos au moins. Jeanne avançait les yeux plissés, tentant de discerner le chemin qu’il convenait pour se rendre au pied de la montagne, quand elle se rappela que même en y arrivant, elle ne savait ni où dans la montagne se trouvait le palais des dieux Nordiques, ni comment y accéder. La guerrière blonde prit le temps de s’arrêter un instant pour réfléchir, mais se rendit vite compte que cela lui serait impossible tant le vent et le froid –qu’elle sentait tout de même- l’empêcher de se concentrer.

Elle se précipita vers un arbre suffisamment robuste et bas pour se construire un abri. Brisant branches après branche, creusant le sol recouvert d’une épaisse couche de neige, elle put se faire un refuge assez grand pour tenir debout et assez large pour s’asseoir en tailleur. La neige décaissée lui permit par la même occasion de recouvrir les branchages, obstruant ainsi les interstices entre lesquelles le vent aurait pu passer. La température était bien plus agréable à l’intérieur qu’au dehors, et Jeanne en profita pour enlever son armure et respirer quelque peu. Elle avait marché pendant toute une journée, et avec ce temps et la faible luminosité à l’intérieur de son abri, elle avait complètement perdue le fil des heures. S’appuyant contre l’une des parois, la guerrière finit par s’endormir s’en même s’en rendre compte.

C’est le manque d’air qui la réveilla. La neige à l’extérieur avait bouché l’entrée empêchant l’oxygène de circuler. Elle se leva précipitamment et défonça le bouchon de neige d’un violent coup de poing. Elle plongea la tête hors de son abri pour respirer, cessant de suffoquer par la même occasion. La neige avait cessé de tomber. Le visage en sueur, elle ressentie d’un coup le froid extérieur et éternua avec tant de force, que la neige sur les branches de l’arbre au pied duquel elle avait dormi tomba mollement sur elle. Un rire à la fois froid et joyeux retentit non loin d’elle. S’ébrouant pour retirer la neige, Jeanne jeta un regard circulaire rapide, et dû se concentrer longtemps pour distinguer la personne responsable de ce quolibet. Une femme dont la peau était d’un blanc immaculé se trouvait à quelques mètres d’elle, cachée entre les branches enneigées. Elle se leva quand elle comprit que Jeanne l’avait vu, et s’avança vers elle, une lance de glace à la main et accompagnée d’un loup aussi blanc qu’elle. La femme blanche lui demanda alors qu’il elle était. Son accent ne trompa pas Jeanne une seule seconde : il s’agissait bien d’une Nordique.

« Je suis Jeanne, » lança la guerrière blonde, « première arrivée de la religion… Chrétienne. »

« Jamais entendue parler. », répondit l’autre en plissant les yeux. « Et que viens-tu faire par ici au juste, étrangère ? Ces terres sont interdites aux dieux sans autorisation préalable ! »

« Je le sais bien, mais je ne suis pas concernée par ces règles : je ne suis pas une immortelle. »

La femme baissa sa lance de glace et sitôt son loup prit des airs plus doux, ressemblant plus à un énorme chien qu’à une bête féroce. Elle s’approcha de Jeanne et lui tendis une main bienveillante. Jeanne lui demanda de patienter une petite minute, le temps pour elle de remettre son armure. Une fois fait, elle agrippa la main de la déesse et fut tiré hors de son trou avec autant d’aisance qu’une fleur est retirée du sol. Artémis l’avait prévenu que la force moyenne des Ases était plus grande que celle des autres panthéons, mais elle ne s’attendait pas à une telle différence. La déesse se présenta alors à Jeanne.

« Je suis Skadi, déesse de l’hiver et de la chasse. Que puis-je faire pour t’aider, mortelle ? Tu dois bien être la première que j’ai vue sur ce monde depuis des éons. »

Jeanne lui confia qu’elle souhaitait demander audience au chef du panthéon local, afin de pouvoir emprunter leur pont arc-en-ciel. Skadi prononça quelques mots à son loup, qui fila dans les bois. La déesse expliqua à Jeanne qu’il porterait le message à Odin, pour qu’elle soit reçue directement à son arrivée. Les deux femmes prirent la route ensemble, le soleil brillant haut dans le ciel et éclairant les landes enneigées devant elles. Jeanne ne se souvenait pas avoir déjà vu un paysage aussi banc, aussi rayonnant. Elle raconta à Skadi son voyage en compagnie d’Artémis, et Skadi fit une moue l’espace d’un instant. Depuis que la plupart des panthéons n’étaient plus en guerre, les dieux organisaient parfois des concours opposant différents dieux d’une même chose. Skadi et Artémis avaient concourues dans un tournoi de chasse, et la Grecque avait battu de peu la Nordique.

Jeanne et Skadi continuèrent leur voyage sans aucun incident jusqu’à arriver devant le palais des Ases, après avoir suivi un sentier tortueux dans la montagne, que Jeanne n’aurait jamais trouvé seule. La guerrière blonde fut amenée à l’intérieur de la demeure des dieux locaux en grande pompe. Un immense palais fait de bois et de roc, possédant un nombre incalculable de porte (six-cent quarante, finira par dire un dieu quand Jeanne le lui demandera), et de bouclier en guise de toit. Tout au fond de l’édifice, sur un trône majestueux, siégeait le maître du panthéon.  A ses côtés se trouvaient plusieurs hommes, deux corbeaux et le loup de Skadi. Jeanne y fut escortée avec cérémonie. Elle reconnue Thor en s’approchant et le salua poliment, avant de saluer son père, Odin.

« Jeanne, première des Chrétiens, guerrière honorable et connaissance de mon fils héritier, soyez la bienvenue en Asgard », tonna Odin d’une voix qui résonna dans le palais.

« Merci à vous seigneur des Ases. » répondit Jeanne en s’inclinant. « Vous savez probablement déjà la raison de ma présence. Il me faut utiliser votre pont arc-en-ciel, avec votre permission. »

Le seigneur des Ases se leva de son trône et fit signe à son fils, Thor, ainsi qu’à Jeanne de le suivre. Il remercia le loup de Skadi qui retourna vers sa maîtresse. Skadi fit un signe d’au-revoir à Jeanne avant de retourner dehors –non sans avoir bu une gorgée d’alcool au passage. Jeanne, à la gauche d’Odin, tentait de suivre le pas du dieu borgne. Il avait l’air aussi vieux que le temps lui-même, mais une impression de force et de puissance se dégageait de lui. Odin demanda à Jeanne la raison pour laquelle elle avait besoin d’utiliser leur pont. La Pucelle hésita à lui répondre la vérité, mais un regard rapide en direction de Thor lui fit comprendre que le mensonge n’était pas une bonne idée.

« Je souhaite l’utiliser pour me rendre en Avalon, chez les dieux Celtes. Là, je pourrai me faire libérer d’une malédiction lancée par Baba-Yaga, la déesse Slaves, et ainsi regagner mon immortalité. »

« Ainsi donc, vous êtes venue ici tout en sachant qu’une autorisation était nécessaire pour tout dieux souhaitant audience avec moi ? »

« Je ne suis pas une déesse » répondit Jeanne, « et cette restriction m’a-t-on dit, n’était en vigueur que pour les immortels. Or, je suis tout à fait mortelle actuellement. Je n’ai trompé personne. »

Jeanne était dans l’angle mort d’Odin, du côté de son cache-œil, mais elle se doutait que des éclairs en seraient sortis s’il en avait le pouvoir. Odin n’aimait pas être mené en bateau. Thor tenta de détendre l’atmosphère en plaisantant.

« Haha, sacrée guerrière, n’est-ce pas père ? Elle manie les mots aussi bien que Loki et l’épée aussi agilement que je manie mon marteau ! »

« De sa malignité je ne doute pas, fils » fit Odin entre ses dents. Mais est-elle réellement aussi combative que tu le veux prétendre ? »

Odin se tourna vers Jeanne, l’œil valide la fixant intensément. Il proposa alors à Jeanne un défi. Si elle battait un guerrier du choix du roi, elle serait libre d’utiliser le pont arc-en-ciel aussi souvent qu’elle le souhaiterait. Si elle perdait, elle devrait en revanche partir ailleurs pour rejoindre Avalon. Jeanne déglutit mais se résigna. Elle savait qu’elle n’avait pas réellement d’autre choix devant elle. Elle fixa Odin en retour et accepta. Le roi des Ases porta la main à une corne de brume attachée à sa ceinture et la fit sonner. Le dieu borgne décréta que Jeanne combattrai une femme, qui en de nombreux points était son égale, et devant Jeanne une femme vint en courant, vêtue d’une armure légère mais de toute évidence plus que solide, aux longs cheveux d’or et au regard profond, sauvage mais également étrangement calme. Odin, pour que le combat soit équitable, rendit la déesse blonde au même niveau de force que Jeanne. Seule leur habilité à l’épée serait jugée ce jour-ci. Thor souhaita bon courage à Jeanne, et embrassa la déesse, Sif, sa femme.

Un terrain d’exercice pour les dieux fut réquisitionné dans l’heure pour le duel, et tous les Ases et Vanes invités à venir observer le combat. Odin frappa le sol de sa lance et les deux femmes, après s’être brièvement saluées, se lancèrent l’une contre l‘autre. Les coups d’épées retentirent pendant de longues minutes, mais Jeanne se rendit bien vite compte qu’elle avait un avantage face à son adversaire. Si Jeanne avait toujours combattu avec une force d’humaine, Sif, elle, n’avait pas l’habitude de manier son arme avec une force de mortelle. Ses parades devinrent lentes tandis qu’elle avait du mal à lever son arme, et Jeanne, ne cherchant plus à se fatiguer, finit par désarmer Sif avec un léger sourire en coin. Plantant son épée dans le sol, elle mit genoux à terre, et remercia son dieu pour lui avoir donné la force de vaincre une déesse sur un pied d’égalité.

Odin, qui crut que cette génuflexion au sol lui était destiné, demanda à la guerrière française de se relever. Rendant sa force à Sif, qui lança un regard noir à la fois à son époux (qui était venu féliciter Jeanne d’une accolade), à son beau-père, Odin, et à Jeanne, la mortelle qui l’avait battu.

Le dieu borgne conseilla à son fils d’aller tenir compagnie à sa femme, sentant une tension dans l’air. Il se tourna alors vers Jeanne, et lui sourit. Bien sûr qu’il savait qu’elle aurait un avantage face à Sif, il souhaitait voir la pucelle gagner. Il invita Jeanne à marcher avec lui pendant un moment.

« Voyez-vous Jeanne, Sif est une guerrière fière, belle et intrépide, qui n’a connu que très peu de défaite au cours de sa longue vie. L’humilité est une chose importante, et se faire vaincre par une mortelle… Cela devrait lui en procurer. »

« Vous ne laissez décidément rien au hasard  » lui répondit Jeanne.

« Seul un sot s’en remet au hasard. Je n’ai pas sacrifié mon œil pour rien : la sagesse est mon bien le plus précieux. A terme, la défaite de Sif nous sera à tous profitable » dit-il en passant sa main sur sa barbe.  « Le bifröst, c’est ainsi que nous appelons le pont arc-en-ciel, vous sera libre d’accès à jamais, à partir de demain. Une victoire se doit d’être fêtée. Vous mangerez et boirez avec nous ce soir. Cela vous donnera peut-être l’occasion de vous faire apprécier par Sif.», dit-il à Jeanne, qui imaginait mal cela se produire rapidement.

Jeanne regagna la chambre qui lui avait été préparée. Elle déposa son armure et profita d’avoir un véritable toit pour se détendre et se reposer le temps d’un bain chaud. Quelques domestiques virent s’occuper d’elle, et Jeanne découvrit le temps d’un après-midi le confort de la couronne. La pucelle se demanda toutefois, si tous ceux qu’elle voyait étaient des dieux. Son bain finit, Jeanne retourna dans la grande salle du trône, et chercha un visage familier des yeux. Skadi était retournée dehors, et Thor n’était pas là. Il devait sûrement tenter de changer les idées de sa femme. Ne sachant que faire, Jeanne resta seule sur une des nombreuses chaises, un coude sur la table constamment couvertes de nourriture.

Comme pour pallier à sa solitude, une femme vint à sa rencontre. Frigga, l’épouse principale d’Odin. Le soir venu, Jeanne quitta la soirée plus tôt que n’importe qui d’autre. La musique bruyante et les vapeurs d’alcool avaient été plus forts qu’elle. Skadi avait partagé une danse avec la pucelle d’Orléans, et cette dernière avait pu discuter un peu avec une Sif calmée, et à son plus grand soulagement, avait même réussie à lui faire décrocher un sourire après avoir complimenté son style de combat. Observant le soleil du microclimat se coucher, elle fut surprise de le voir rapetisser à l’horizon, puis devenir une sorte de boule de feu. Et elle s’inquiéta quand cette boule de feu fonça vers le palais d’Odin.

« Pas d’inquiétude à avoir » lança une voix derrière elle, « ça n’est que Sol, notre divinité solaire. Elle rentre pour laisser sa place dans le ciel à son frère, Mani. »

Thor et Sif avait rejoint Jeanne à l’air libre. Le prince héritier demanda à la française si elle avait vu son père. Odin avait quitté la fête juste après elle, et était parti dans sa direction mais n’était nulle part. Jeanne lui répondit que non et lui proposa de le chercher.

« Connaissant mon père, il doit avoir ses propres occupations.» lui répondit Thor. « En outre, je ne pense pas que qui que ce soit sur ce monde souhaite lui tendre une embuscade, s’il souhaite vivre vieux. Bonne nuit Jeanne. »

Les deux époux retournèrent à l’intérieur. Sif fit un signe à Jeanne par-dessus son épaule. Elle lui avait fait promettre de s’affronter à nouveau quand elle aurait retrouvé son aura divine, et la force qui allait avec. Observant la lune se lever dans le ciel, Jeanne se demanda qui se chargeait de ce rôle quand elle était en vie. Un ange peut-être, se dit-elle. Après quelques minutes à contempler le monde blanc qui s’offrait à sa vue, Jeanne retourna à l’intérieur et parti se coucher dans une chambre qu’Odin avait fait préparer à l’avance pour elle et y passa une nuit des plus agréable.

Le lendemain matin, après avoir s’être fait une petite toilette, la guerrière blonde descendit les marches quatre à quatre et trouva Odin ainsi que Thor en train de discuter. Elle s’inclina poliment devant le roi et le prince, puis indiqua à ce dernier d’un geste de la main qu’elle allait attendre devant le pont (Odin lui en avait indiqué la position la veille). La neige avait reprise. Elle tombait mollement du ciel et semblait ne faire qu’effleurer le sol. Jeanne avança lentement tout de même, la neige atteignant ses mollets et ralentissant son avancée.

Odin finit par rejoindre Jeanne devant le bifröst et ensemble, attendirent Thor qui souhaitait faire ses au-revoir à la guerrière. Le dieu de la foudre arriva peu de temps après eux, fendant l’air grâce à Mjöllnir, son marteau enchanté. Faisant une brève accolade à son amie, il lui souhaita un bon premier essai du pont arc-en-ciel, avant de planifier la destination vers l’île d’Avalon. Jeanne remercia Odin encore une fois, puis s’avança sur l’édifice. Le bifröst se présentait comme une demi-sphère qui, une fois enclenchée, projetait les occupants dans les airs à une vitesse prodigieuse vers une destination préalablement choisit.

Jeanne fendit ainsi les cieux à une vitesse qui ne permettait de ne voir que de vagues couleurs, et imagina que le nom venait venir de là.

Sur les terres nordiques, Thor demanda à son père où il avait disparu la nuit dernière.

« J’ai reçu un courrier d’un confrère » lui répondit-il. « J’ai d’ailleurs besoin d’utiliser le bifröst également, Thor. Je te laisse en charge du royaume en mon absence. »

« Où vous rendez-vous père ? »

« Zeus m’a demandé de le rejoindre, pour discuter d’un sujet urgent » dit-il en s’approchant de la console de destination du bifröst. « Voilà… Direction le mont Olympe », dit Odin, qui ne modifia pas la destination déjà établie.

La Pucelle d’Orléans continua sa traversée des cieux et finit par distinguer des formes plus précises. Elle ne se rendit même pas compte que ses pieds étaient déjà au sol. Non habituée à ce genre de déplacements, tous ses sens s’en trouvaient chamboulés. La guerrière chancela, puis s’accrocha à la première chose qu’elle rencontra pour ne pas s’effondrer au sol. Elle ne s’attendait pas, en revanche, à ce que la chose lui parle.

« Jeanne ?, » fit la chose avec une voix qu’elle crut reconnaître. « Qu’est-ce que tu fabriques ici ? » La voix semblait inquiète même. Les couleurs et les formes commençaient à revenir à la guerrière blonde, et elle distingua un visage encadré de cheveux noirs en bataille. « Hey, ressaisit-toi ma belle, tu es recherchée par le père des cieux ! Tu dois absolument… Qu’est-ce que… Seigneur Odin ? »